Après la défaite de 1871, il est clair qu’en France, et dans les autres pays belligérants, les graines d'un futur conflit sont plantées...
Dès lors, quoi de mieux pour préparer une guerre que l'endoctrinement des enfants dès le plus jeune âge sur les bancs de l'école.
L'instituteur se doit d'être un patriote convaincu, formant la jeunesse à l'obéissance aux généraux. Toutes les leçons sont bonnes pour cultiver un esprit de revanche et de haine, afin que la guerre deviennent une nécessité évidente et indiscutable.
Ainsi, les dictées et les poèmes tournent autours du thème de la patrie et du devoir d'aller libérer la pauvre petite Alsacienne en tenue tricolore du joug du bestial allemand... (souvenez vous des toutes premières scènes du film « Joyeux Noel »).
Le calcul est enseigné de sorte que l'enfant comprenne qu'un bon élève fera un bon soldat économiquement rentable pour la patrie...
Et en guise d'activité physique, on enseigne à marcher au pas, à se jeter à plat ventre en peloton et même à tirer au fusil dans un simulacre de service militaire. Ces bataillons scolaires, s'entrainant comme des enfants soldats dans les cours de récréation, seront retirés des programmes de l'éducation en 1891...
Mais les dictées, éducation patriotique et autres continueront jusque bien après la guerre.
Pendant toute la durée de la première guerre mondiale, afin que les civils acceptent la guerre, on n’aura de cesse d'inculquer aux écoliers la haine de l'allemand, la décadence de sa culture, le fait qu'il soit une bête sanguinaire venu détruire la civilisation.
A une époque ou le curé et l'instituteur sont encore des personnalités importantes des villages, personne ne trouvera à redire sur le fait qu'ils enseignent aux enfants que la petite fille doit être une bonne mère et donner des fils à la patrie, et au bambin que son devoir est de terrasser l'allemand, ennemi héréditaire de la France.
Chaque exaction de soldats allemands est surmédiatisée, amplifiée... Et lorsque que ces dernières manquent, on en invente... Bébés mangés après être cuits à la broche à la baïonnette, mains d'enfants coupées, bonnes sœurs violées et torturées...
Dans les ducasses (fêtes foraines) on tire à la carabine sur des cibles caricaturant l'allemand, pour gagner un pot de moutarde en porcelaine représentant un cochon coiffé du casque à pointe... On collectionne des cartes diabolisant le soldat d'outre Rhin et on s'amuse de fascicules écrits par de pseudos spécialistes prétendant savoir déchiffrer la pensée allemande.
Puis, lorsque papa rentre en permission, après plusieurs mois de guerre, on s'étonne qu'il ne rit pas de tout cela, ou qu'il ne laisse pas éclater sa haine... et on est effaré de l'entendre dire que « finalement on est tous dans le même sac », que « le sang allemand à la même couleur que le sang français », et que « lorsqu'un boche perd un copain, il pleure aussi... »...
De retour dans la cour de récréation, on ne racontera pas cela aux petits camarades, qui diront que le papa n'est pas un vrai patriote, et surtout pas à l'instituteur, qui nous apprendra sinon dans la foulée que des revues scientifiques ont prouvé que les morts allemands sentaient plus mauvais que les morts français... On à réponse à tout...
Mais force est de constater que de tous ceux qui prétendirent détenir la vérité sur la guerre, aucun n'avait jamais marché dans une tranchée...