Péninsule de Gallipoli, 8 mai 1915.
Le 58e régiment d'infanterie coloniale (58e RIC) doit participer à une attaque générale.
Le soldat Désiré Bianco reçoit du lieutenant Asquier l’ordre de rester dans la tranchée, et pour être certain qu’il ne désobéira pas à cet ordre, il lui prend son fusil et sa baïonnette et lui confie son propre sabre.
A 17h15 l’attaque est déclenchée, et le soldat Bianco, ne pouvant se maîtriser, désobéit à l’ordre et s'élance hors de la tranchée en même temps que les autres soldats, en levant le sabre et en criant : « En avant ! À la baïonnette ! ». Il sera tué lors de l’assaut, à quelques mètres d’un fortin ennemi.
Un acte de bravoure comme il y en eut de nombreux au cours de cette guerre me direz-vous…
Sauf que Désiré Bianco n’est pas un soldat comme les autres : il n’a que 13 ans quand il est tué au combat !
Issu d’un couple d’émigrés italiens originaires de Caraglio dans le Piémont Italien, Désiré Bianco est né le 4 avril 1902 à Marseille, dans le quartier ouvrier de Menpenti ou s’est installée sa famille.
A la déclaration de la guerre, en août 1914, Désiré fréquente une école proche des casernes du 6e régiment de hussards et il voit la foule qui se presse sur le passage des troupes qui défilent en tenue de campagne, la fleur au fusil. Cet évènement fait naître chez Désiré un fort sentiment patriotique et il n’a plus qu’un seul objectif : suivre ces soldats.
L'occasion va se présenter quelques mois plus tard. Volontaire en janvier 1915, il suit le 6e hussards sur le front de la Meuse au sein du groupe cycliste du 1er escadron. En mars, il est renvoyé à l'arrière, puis réussit à nouveau à monter au feu avant d'être restitué à ses parents.
N'abandonnant pas son idéal, Bianco s'embarque clandestinement le 2 mai 1915 depuis le port de Toulon sur le France, paquebot chargé de convoyer le 58e régiment d'infanterie coloniale à destination du détroit des Dardanelles en Turquie où, depuis le mois de février, un corps expéditionnaire anglo-français tente une percée sur le front d'Orient. C’est là que s’arrêtera son aventure…
Bianco sera cité à l'ordre de l'Armée Française d'Orient (AFO) par le général Cordonnier le 30 août 1916.
Le 14 janvier 1920, il sera déclaré Mort pour la France par un jugement du tribunal de Marseille.
En juin 1935, il est inscrit comme numéro Un au sein de la Légion des Mille, association d'anciens combattants français créée en février 1935 qui comprenait 999 membres effectifs choisis parmi « les plus jeunes et les plus méritants » des volontaires ayant combattu dans les armées françaises pendant la Première Guerre mondiale, ainsi que le numéro un « réservé à la mémoire du plus jeune combattant volontaire mort pour la France ».
En mai 1936, un buste à son effigie est érigé à Toulon, devant la caserne Grignan.
« In memoriam. Corps expéditionnaire des Dardanelles. Citation à l'ordre du Corps d'armée BIANCO Désiré, pupille du 58e RIC. Jeune enfant de 13 ans, n'écoutant que ses sentiments enthousiastes est parvenu à se glisser sur le transport La France avec les hommes du 58e régiment d'infanterie coloniale embarqués sur ce paquebot. Débarque à Sedul Bahr Dardanelles avec ce régiment. A fait preuve de vaillance et de grand courage à l'assaut du 8 mai 1915 où il a été tué en s'élançant aux cris de « En avant à la baïonnette ! » Général Cordonnier Au GQA le 30 août 1916. »