Lors de la Première Guerre mondiale Léon Bel, affineur de fromage Comté, est âgé de 36 ans lorsqu’il est affecté au régiment de Ravitaillement en Viande Fraîche (RVF) du train des équipages (structure chargée de l’organisation logistique de l’armée française).
L’Etat-Major décide de doter chaque unité d’un emblème spécifique qui sera apposé sur tous les véhicules, en particulier sur les camions qui transportaient la viande destinée aux soldats du front.
Pour obtenir le meilleur résultat possible, un concours est lancé, auquel participe l'illustrateur Benjamin Rabier, affecté à la même unité que Léon Bel.
Le concours ayant été remporté par l’artiste, tous les véhicules du RVF porteraient désormais comme symbole une tête de vache à bouche ouverte, flanquée de l’inscription « La Wachkyrie », allusion aux Valkyries, personnages féminins de la mythologie germano-scandinave, rendues célèbres par Richard Wagner, et emblèmes des transports de troupes allemandes.
Selon les différentes légendes, ces vierges guerrières, dotées d’ailes, planaient au-dessus des champs de bataille pour ramasser les corps des combattants tués et les amener devant Odin, le dieu de tous les dieux.
En 1921, Léon Bel à la recherche d'un nom pour son fromage fondu, se souvient de ce nom d'emblème et dépose la marque La Vache Qui Rit.
Au cours de son évolution, la marque s’est bien évidemment détachée de l’anecdote de ses débuts.
L’image de la vache s’est humanisée, s’est enrichie d’attributs, le rire est devenu plus lisse pour finir en sourire affable engendrant ainsi la confiance des consommateurs.
Le rire dont s’esclaffe La Vache Qui Rit désarme. On reste bouche bée, sans réplique.
C’est la Grande Guerre qui lui a donné ce rire dès sa naissance : un rire face à la mort, pour l’affronter ; un rire qui désarçonne, face à l’absurdité ; un rire qui à l’origine n’était pas joyeux, mais douloureux, irrationnel, qui finit par être contagieux et qui emporte tout.